Des séminaires théorico-cliniques, sur un weekend de 15 heures, sont proposés plusieurs fois
par an. Ces séminaires sont animés chaque fois par un intervenant extérieur.
Certains sont formateurs ou ont été formés à la Tavistock Clinic de Londres.
Les matins sont réservés à une communication-débat sur une thématique précise,
et les après-midis à des présentations de cas en lien avec la thématique.
Vendredi 3 et samedi 4 mars 2O23, séminaire avec Sylvie Reignier :
Le corps vécu et fantasmé dans le lien transféro-contre-transférentiel.
Lieu : Vienne.
Argument :
La sensorialité et la proprioception ne cessent de nous informer de notre être-au-monde, et sont des pourvoyeuses de qualités, qui très tôt viennent se nouer, grâce et à travers la fonction pare-excitante du soin et de la capacité de rêverie maternelle, à la recherche de l’objet.
Informées par ses vécus intra-utérins et la césure de la naissance, les approches spontanées du nourrisson à l’égard du monde supposent un équipement sensoriel et tonico-moteur relativement valide pour que s’engage la danse intersubjective avec l’autre qui lui permettra, d’introjections en introjections, de se reconnaître lui-même dans un corps propre, identique et un peu différent, de celui de l’adulte. Elles supposent aussi bien sûr le regard suffisamment attentif , ému, et projectif sans excès de l’adulte, ainsi que son investissement pulsionnel du corps de l’enfant et de ses expressions, bientôt pulsionnelles elles aussi. Les liens d’émerveillement engagent les premiers mouvements d’élation qui peuvent, assez vite, ouvrir à la jubilation, noyau nécessaire du sentiment de contenance.
Chez l’enfant autiste, ces préalables achoppent sur des difficultés primaires sévères qui altèrent de façon discrète ou inconsciente d’abord, puis patente ensuite, la qualité de ses relations avec l’autre. La psychothérapie, assortie de prises en charges variées et ajustées au niveau de développement de l’enfant, peut offrir une possibilité de rétablir un contact et d’abaisser les barrières que l’enfant a construit pour se protéger contre l’angoisse qu’il éprouve face à autrui et face à l’imprévu.Pour cela, une des premières visée est de favoriser la constitution de la contenance, première peau psychique, sans laquelle l’expérience émotionnelle reste difficile à supporter pour le patient autiste.
Chez des sujets mieux construits, les premiers temps de la vie peuvent avoir cependant inscrit, dans les vécus de leur corps, des traces mnésiques préverbales porteuses de vécus traumatiques dans les liens premiers ; ces traces peuvent rester actives, et participer d’une symptomatologie qui entrave le développement de l’enfant ; elles peuvent rester muettes longtemps, et ressurgir dans des moments pathologiques qui invalident les acquisitions de niveau supérieur. Mais le corps peut aussi être le lieu de fantasmes qui engagent le sujet, et le corps de l’autre, du thérapeute. Ces fantasmes, héritiers de la géographie fantasmatique du corps maternel construite par l’infans , peuvent organiser des problématiques de fixation-régressions, mais aussi favoriser l’existence d’objets internes clivés qui trouvent parfois leur voie d’expression dans le corps ou l’expression agie. Enfin, la pensée ou le ressenti du corps érotique peuvent être source d’angoisses qui suscitent des mouvements défensifs complexes, reprenant en après coup des problématiques anciennes, voire primitives. Comme avec l’enfant autiste, une attention particulière offerte aux différentes dramatisations du patient au sujet du corps (qu’elles soient agies ou représentées) peut permettre d’ouvrir le regard sur ses questions et de remettre en travail certains clivages
Premier jour : Le lent développement du moi corporel de l’enfant autiste ; ses traductions dans la relation thérapeutique.
Deuxième jour : Le corps dans la cure avec l’enfant et l’adolescent : l’attention thérapeutique tournée vers le corps, et la mise en perspective du corps des partenaires dans la relation de transfert-contre-transfert.